En ces temps de changements... climatiques !

Un printemps chaud sonne à la porte des revendications sociales et comme l'histoire se répète souvent, c'est encore une fois les étudiants qui sonnent à la porte. Mai '68 ne sera jamais tout à fait mort. Quand on pense que les jeunes d'aujourd'hui ne sont plus politisés, qu'ils sont désintéressés des affaires publiques, qu'ils ne pensent qu'à leurs jeux vidéos et toute la quincaillerie qui s'en suit... Ils sont quelques centaines de milliers à réclamer un peu plus de justice sociale, un peu plus d'équité, un peu plus de répartition de la richesse, un peu plus d'accessibilité à la connaissance et à l'éducation. En d'autres mots, un peu plus d'équilibre pour les générations actuelles et futures. Dans les années soixante et soixante-dix, le Québec s'est construit une société moderne et accessible. Dans les livres d'histoire on l'appelle « Le contrat social ». Une sorte d'entente tacite entre tous les acteurs du développement de la société pour sortir de la grande noirceur. En 2012, les temps recommencent à s'assombrir, on recommence à parler de noiceur et on l'appelle déjà « petite noirceur ». Par bonheur, même en 2012, il y a encore des jeunes et la jeunesse pour dépoussiérer le bouton d'alarme, celui dont les fils ne se sont pas touchés depuis bien longtemps, celui qu'on redécouvre sous d'épaisses couches de poussière, toujours aussi rouge, toujours aussi prêt au combat, à la lutte aux inégalités. L'écart a toujours continué de se creuser entre la richesse de plus en plus singulière (voire qui se partage de moins en moins) et la pauvreté qui connaît une popularité sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Une lutte pour améliorer notre contrat social certes, mais surtout pour maintenir un tel contrat devenu de plus en plus nécessaire et que l'on tente de briser avec la subtilité d'un char d'assaut sur la place Tienanmen. Par bonheur, il y a les jeunes et la jeunesse qui semble déterminés à garder les yeux grands ouverts sur un monde où la fiction d'hier a rejoint la réalité d'aujourd'hui. Big Brother lui-même en perdrait son latin devant autant de contrôle et de standardisation sur une planète où l'homme devient de plus en plus son propre robot. Pourtant, cette bataille des étudiants contre la hausse des frais de scolarité n'est que le prétexte, la pointe de l'iceberg, la poursuite logique d'une indignation de plus en plus généralisée envers un système économique sauvage et vaniteux pour qui le profit est la seule loi qui vaille. Les 15 et 16 mars derniers, se tenait à Drummondville une Table Nationale des CDC regroupant plus de 50 Corporations de développement communautaire au Québec. Nul besoin de vous dire que les représentants de ces 55 organisations n'ont pas eu à échanger très longtemps pour en arriver à la décision d'appuyer le mouvement étudiants. Un mouvement de fond, que je qualifie de « lutte à l'égalité des chances en éducation » et qui somme littéralement le gouvernement québécois à recouvrer la raison. La raison d'un peuple rempli de québécois sociaux-démocrates en pleine évolution humaniste et dont les aspirations profondes se détachent de plus en plus de celles du reste du Canada. Un printemps anormalement chaud, qui incite à sortir dans la rue et à exprimer son désir de vivre en cohabitation harmonieuse, dans le respect et la dignité des humains qui nous entourent. À suivre ! Benoit