Budget 2017, les grands oubliés

Par Alain Roy

Quand une province est dirigée par un médecin, que cette province consacre 50 % de son budget à la santé, il est permis de croire que certaines décisions auront un impact sur les déterminants de la santé! Mais pas au Québec. Ici, on a fait le choix de couper pendant deux ans, d’affaiblir les plus vulnérables, d’accumuler des surplus en augmentant les frais et les taxes... Tout cela pour faire un budget qui permet de corriger certaines erreurs, en oubliant ceux qui en ont le plus besoin.

Les déterminants de la santé, ce sont les éléments qui peuvent avoir une influence importante sur la santé des individus. Parmi ceux-ci, il y en a un qui est reconnu par tous, comme ayant un effet néfaste, la pauvreté. Voici trois citations provenant d’un document produit par le réseau de la santé et des services sociaux s’intitulant « La santé dans tous ses états : les déterminants sociaux de la santé ».

« Au Québec, les hommes et les femmes des milieux défavorisés peuvent s’attendre à vivre en santé respectivement en moyenne dix et sept années de moins que ceux et celles des milieux favorisés. »
« … les personnes pauvres ont au moins deux fois plus de risque d’être atteintes d’une maladie grave ou de mourir prématurément que les personnes les plus favorisées. »
« … plus un individu vit longtemps dans la pauvreté et la privation, plus les dommages à sa santé risquent d’être importants. »


Les plus vulnérables ont été oubliés, encore. Espérons maintenant que le prochain plan de lutte, promis pour l’automne prochain, permettra d’agir pour améliorer la situation des personnes les plus vulnérables. Sinon, à quoi sert d’enrichir une collectivité si c’est pour abandonner une partie de celle-ci.

Le plan de lutte à la pauvreté : une responsabilité gouvernementale


Drummondville, le 9 mars 2017 – La Table nationale des Corporation de développement communautaire (TNCDC) souhaite réagir aux propos du ministre Blais, publiés dans Le Soleil le 2 mars dernier. En période prébudgétaire, la TNCDC et les 61 Corporations de développement communautaire (CDC) du Québec tiennent à réitérer l’importance que le gouvernement du Québec se dote d’un plan de lutte à la pauvreté ambitieux et structuré afin que l’on puisse se donner collectivement des moyens pour agir.

Au Québec, plus d’un million de personnes vivent dans la pauvreté. Pourtant, comme le précise le ministre dans son entrevue, « les deux plans dont le Québec s'est doté depuis 15 ans pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale n'ont pas donné les résultats escomptés. » Mme Marie-Line Audet, présidente de la TNCDC, répond : « Les résultats n’ont pas été à la hauteur parce que les investissements et stratégies ne l’ont pas été non plus. »

Aujourd’hui plus que jamais, la TNCDC croit qu’il est essentiel de renforcer les protections publiques et les politiques sociales afin de réduire les inégalités socioéconomiques et de mieux redistribuer la richesse. Pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le gouvernement doit développer un plan gouvernemental global et structurant. En outre, il incombe au MTESS et au ministre Blais de s’assurer de l’engagement de tous les ministères concernés et de la création de politiques harmonisées entre ceux-ci.

Par ailleurs, à travers son prochain plan de lutte à la pauvreté, le gouvernement doit aussi démontrer sa reconnaissance du milieu communautaire. Les organismes communautaires supportant les personnes pauvres et exclues souffrent des compressions et des pertes de sources de financement causées par les mesures d’austérité. Si le ministre annonce « des aides supplémentaires aux organismes épaulant des personnes pauvres et exclues, privées de réseaux sociaux », nous souhaitons que cela se traduise par un accroissement significatif du financement à la mission des organismes communautaires.

En terminant, en lien avec la consultation publique en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, Mme Audet déclare que « de nombreuses organisations ont participé par, le dépôt de mémoires et de présentations, à identifier les actions à poser pour bien soutenir les personnes vivant en situation de pauvreté. Nous espérons que nos revendications seront davantage considérées dans ce prochain plan. » Le gouvernement affirme être fier de s’être donné une marge de manoeuvre financière, il est temps de penser à ceux qui ont le plus souffert des compressions. 

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La Table nationale des Corporation de développement Communautaire (CDC) regroupe 61 CDC et près de 2500 organismes communautaires au Québec. www.tncdc.ca

Renseignements: Eve-Isabelle Chevrier, directrice générale, (819) 478-9647, dg@tncdc.qc.ca
Source : Table nationale des Corporation de développement Communautaire (TNCDC)

Est-ce que le CIUSSS réussira à tenir ses promesses?


Par Alain Roy

La Corporation de Développement Communautaire (CDC) des Sources garde un œil fort intéressé sur les changements qui ont une influence sur les services offerts dans notre milieu. Nous croyons à l’importance de provoquer certains changements, à la condition que ceux-ci profitent aux gens et particulièrement aux personnes les plus vulnérables. Le réseau de la Santé et des Services Sociaux est une organisation de grande importance pour les personnes âgées, pour les personnes moins bien nanties économiquement, pour les personnes devant composer avec un handicap physique ou mental, pour les familles, pour l’ensemble d’une communauté. Est-ce que passer du CSSS des Sources au CIUSSS de l’Estrie a été positif?

Si vous suivez un peu l’actualité, vous avez surement constaté qu’il n’y a pas une semaine qui passe sans une nouvelle pour nous expliquer les ratés de la réforme du réseau de la Santé et des Services Sociaux. Bien entendu, à chaque occasion le ministre, ou une autre personne du réseau nous explique que c’est pour notre bien, que nous devons faire confiance, qu’il faut respecter la capacité d’agir du gouvernement. Parfois, nous y croyons, souvent nous sommes déçus.

L’arrivée du CIUSSS de l’Estrie
Lors de la création du CIUSSS de l’Estrie CHUS, les gens de la région des Sources avaient exprimé leurs craintes. Comment cette nouvelle méga structure, couvrant l’Estrie (et une partie de la Montérégie) avec moins de gestionnaires, avec des compressions financières et où les orientations seraient réfléchies au centre administratif de Sherbrooke, pouvait préserver la qualité des services sur notre petit territoire? Telles étaient nos craintes :

1.       Est-ce que les services offerts sur le territoire étaient maintenant à risque? L’urgence 24/7, aux services de soins à domicile, à certains services spécialisés comme la dentisterie et l’infirmière en milieu scolaire, à tout ce qui nous permet d’avoir accès à des services sans devoir se déplacer vers les centres urbains, etc.

2.       Est-ce que les emplois sont en danger? Avec la fusion, est-ce que des emplois allaient être transférés vers le centre administratif de Sherbrooke? Est-ce que des personnes qui avaient choisi de demeurer dans la MRC des Sources pour être près de leur travail seraient maintenant incitées à déménager? Est-ce que cette fusion d’établissement aurait pour résultante que tous les emplois se retrouveraient rattachés à la région de Sherbrooke?

3.      Est-ce que le nouveau CIUSSS de l’Estrie CHUS sera un citoyen corporatif aussi impliqué et important que l’a été le CSSS des Sources? Une entreprise de 350 travailleurs et travailleuses avec des compétences variées, c’est aussi un actif pour la vie communautaire. Le personnel du CSSS a toujours été très présent au sein de différentes organisations. Retrouverons-nous ce niveau d’implication si important pour tout citoyen corporatif qui se respecte?

Il faut se rappeler que le CSSS des Sources occupait une place importante dans le milieu autant par la qualité des services que par l’implication des travailleurs et travailleuses. Le CSSS avait d’ailleurs reçu la plus haute mention d’honneur par « Agrément Canada » pour la qualité de ses services. Dans le monde du développement, quand nous analysions les forces du milieu pour attirer des entreprises ou des citoyens, le CSSS était un des éléments en tête de liste. La population était fière de ce centre et la participation de la population à la collecte de fonds annuelle de la Fondation en est la plus grande preuve (près de 100 000$ amassé chaque année pour une MRC qui compte plus de 15 000 habitants).

La nouvelle réalité du réseau de la Santé et des Services Sociaux
Force est d’admettre que nous sentons la bonne volonté des dirigeants du CIUSSS de l’Estrie CHUS. Le dialogue est possible, la recherche de solutions à certains problèmes se discute avec le milieu local. Toutefois, nous constatons aussi que les dirigeants ont les mains liées par des orientations ministérielles. L’approche centralisatrice et uniformisée, préconisée par le Ministère, ne semble pas en faveur des centres périphériques comme celui d’Asbestos et du territoire des Sources.

1.  Le Conseil d’Administration et la direction du CSSS des Sources avaient choisi de préserver la dentisterie dans l’établissement pour assurer une qualité de service aux personnes ayant des moyens financiers limités. Bien que ce soit une exception en Estrie, le choix avait été fait en respect des caractéristiques du territoire. Un choix qui avait aussi une implication financière, mais qui valait l’investissement pour les utilisateurs. Est-ce que le service sera préservé? Est-ce que la population sera consultée pour analyser la situation? Rien n’est moins sûr.

2.  Lors des travaux de rénovations et d’agrandissements, le Conseil d’Administration a toujours été soucieux d’offrir des espaces de travail fonctionnels et intéressants pour les professionnels, les spécialistes et surtout pour les médecins. En y ajoutant du matériel de qualité, grâce à la participation financière de la Fondation du CSSS des Sources, nous avions un outil de promotion important. Attirer des spécialistes pour améliorer les services à la population, pour renforcir les services d’urgence, pour supporter les médecins de famille, cela ne se fait pas avec de beaux paysages, cela se fait avec un espace de travail intéressant et des outils à la fine pointe.
Voilà que la situation semble devenue un peu plus fragile. La nouvelle méga structure voit les choses différemment. Maintenant, l’équipement, peu importe comment et pourquoi il a été acquis, appartient au CIUSSS de l’Estrie CHUS. Donc si du matériel pour ORL se trouve à Asbestos et qu’il n’est pas utilisé, pourquoi ne pas le déménager dans un autre point de service et en faire profiter la population estrienne?
Rappelons qu’à la création du CIUSSS de l’Estrie CHUS, nous nous sommes fait dire que les changements seraient purement administratifs et qu’il n’y aurait pas d’impact sur les services. La situation actuelle risque fort de diminuer l’attrait du centre des Sources pour les médecins spécialistes. Cela aura un effet direct sur la proximité des soins, sur la qualité des services à l’urgence et en courte durée.

3.  Le CSSS des Sources, en réponse aux gens qui voulaient demeurer le plus longtemps possible a domicile, offrait plus d’heures de services que les centres des autres régions. Les personnes pouvaient ainsi obtenir plus de visites à domicile et plus d’heures de soins. Pour le volet des services ménagers, la Ressource en Entretien Ménager (REM) offre un service de qualité sur le territoire.
Le CIUSSS de l’Estrie CHUS doit avoir un souci d’équité. Il nous dit que les services offerts ici doivent être les mêmes que pour l’ensemble du territoire desservi par cette nouvelle entité. De plus, une partie des soins en maintien à domicile seront désormais offerts à l’externe, par des gens qui ne relèvent pas du CIUSSS. Pour uniformiser avec les autres régions, est-ce que l’intensité offerte sera diminuée? Est-ce que les services à l’externe seront dirigés vers des organisations connues et reconnues comme le REM? Selon la machine à rumeurs, rien ne nous assure que la population des Sources aura droit à la même qualité de services qu’auparavant.

Quoi faire pour améliorer la situation
Tout le monde n’est pas spécialiste dans le domaine de la santé et des services sociaux et nous ne voulons pas faire le « gérant d’estrade ». Toutefois, il nous apparait important de signaler que la qualité des services offerts à la population des Sources est présentement en péril. Nous n’avons pas besoin de bonnes paroles, nous voulons des gestes concrets pour favoriser la présence de services qui répondent aux besoins du milieu. Les orientations ministérielles qui favorisent la centralisation des services médicaux, qui obligent le « client » à se rendre aux médecins, qui prennent en otage les populations rurales, ce n’est pas ça qui était promis.

Pour que le réseau de la santé et des services sociaux fonctionne bien, nous croyons qu’il faut maintenir une relation saine entre le CIUSSS et la population. Il n’y a pas de doute dans notre esprit que le personnel du CIUSSS est débordé et désillusionné. La volonté de bien servir les populations et les règles ministérielles ne font pas bon ménage. Il faut trouver des solutions ensemble pour bien répondre aux attentes locales. Comment y parvenir si personne n’a vraiment le temps de nous parler? Si on nous parle seulement pour nous expliquer les limites? Si les décisions sont finalement prises uniquement au bureau du ministre?

Lorsque vous croiserez un travailleur ou une travailleuse du réseau de la Santé et des Services Sociaux demandez lui une appréciation de son travail et des ses conditions actuelles. Si elle n’a pas pris sa retraite récemment, je gage que ce ne sera pas très positif. Souhaitez-lui une bonne journée, elle prend peut-être soin de quelqu’un près de vous!