Pour maintenir le rythme, les organismes communautaires ont besoin d’aide...

Le 1er mai 2015, la CDC des Sources et ses membres ont rencontré Madame Karine Vallières, députée du Comté de Richmond avec le message suivant : Le milieu communautaire est inquiet.
Ce n’est plus le cas, notre inquiétude est devenue réalité, une triste réalité pour les personnes vulnérables. De plus en plus, les groupes communautaires constatent l’impact des mesures d’austérité du gouvernement libéral sur les plus démunis. À chaque jour l’histoire s’écrit, la réalité invisible des personnes sans le sous fait mal. Le 1er mai, on nous a dit que les mesures d’austérité ne toucheraient pas les services. Malheureusement, le Premier ministre lui-même, devait admettre, le 22 septembre dernier, que les coupures affectaient les services aux personnes les plus vulnérables.
Alors que le milieu communautaire se mobilise pour se faire entendre à l’échelle du Québec, les membres de la CDC des Sources ont choisi de présenter la situation de personnes de notre territoire. Pour préserver l’anonymat, certains éléments ont été modifiés. Les cinq exemples que nous vous présentons sont basés sur des cas réels. Nous pourrions allonger la liste, mais est-ce vraiment nécessaire? Les situations affectant la fierté, l’estime de soi, l’autonomie des gens les plus vulnérables ne sont plus réservées à une petite portion de la population.
Madame Gênée constate que sa marge de manœuvre financière diminue. Pour la rentrée scolaire de son adolescente, elle a pigée dans ses quelques dollars en réserve ce qui a eu pour effet qu’elle n’a plus de sous pour l’épicerie de la fin du mois. En désespoir de cause, elle se résigne à contacter la Cuisine Collective, où elle est membre, pour explorer la possibilité d’aller déjeuner avec sa fille avant une journée d’école, le frigo et le garde-manger étant vides! Une baisse d’impôt ne lui apportera aucune aide…
Monsieur Pocké revient à la réalité, après une perte d’emploi, une séparation… bref une mauvaise passe qui a des répercussions importantes sur le présent. Les poches vides, sans logement, sa famille s’éloigne, il est isolé. Il se retrouve en centre de désintoxication et l’accompagnement des intervenants lui permet de relever la tête, de penser à demain. Le hic, n’ayant pas de loyer, il n’a pas droit à un chèque d’aide sociale et pour avoir un loyer, il faut un revenu! Une baisse d’impôt ne lui apportera aucune aide…
Madame Incognito ne l’a vraiment pas facile. Son mari a perdu son emploi et la recherche d’un nouvel emploi a un effet négatif sur son estime personnel. Il consomme de plus en plus de télévision et d’alcool. Son tempérament change et la violence est passée de la parole aux actes. Madame Incognito avait réussi, en cachette, à aller en parler à la ressource dédiée aux femmes supportée par la Maison des Familles. Faute de financement adéquat, le service n’est plus disponible à moins d’aller le chercher dans la région voisine. Impossible alors, pour Madame Incognito de s’y rendre sans créer un autre moment de frustration chez son conjoint et les conséquences qui s’en suivent! Une baisse d’impôt ne lui apportera aucune aide…
Monsieur Stabilité était à l’emploi de la même entreprise depuis 24 ans. Pas la plus grosse entreprise, pas le travail le plus stimulant mais une paye régulière qui lui permettait de faire sa part dans les finances familiales. La fermeture de l’usine se fait cavalièrement, personne ne l’a vu venir. Après la période qui ressemble à des vacances, la recherche d’un nouveau travail lui rappelle ses 56 ans et son passé sans diplôme. Être un bon travailleur, ça vaut pas beaucoup plus que quelques heures au salaire minimum à des conditions qui auraient justifiées une grève dans un temps pas si lointain. L’organisme d’employabilité lui apporte un bon coup de main et lui permet de croire que la situation ira en s’améliorant. Tout de même, la question du jour se pose malheureusement : Comment aller à la banque alimentaire sans se faire reconnaitre? Une baisse d’impôt ne lui apportera aucune aide…
La famille Éprouvée a trois enfants dont un enfant avec handicap qui fréquente l’école secondaire. Sa condition lui permet de fréquenter le milieu scolaire puisqu’il reçoit un support adapté à sa situation. Cette situation permet aux deux parents d’être sur le marché du travail, un soulagement pour leur portefeuille. Toutefois, un hic se produit lors des journées pédagogiques du milieu scolaire. Les programmes permettant aux enfants handicapés ne pouvant pas demeurer seuls à la maison sont accessibles si 10 jeunes en ont besoin. Facile à atteindre dans les grands centres urbains, impossible en milieu rural. Cet enfant n’a donc pas droit à des journées pédagogiques stimulantes avec ses amis et en plus, les parents doivent prendre congé à chaque fois pour s’occuper de lui. Une perte monétaire qui affecte les cinq membres de la famille! Une baisse d’impôt ne leur apportera aucune aide…
Pendant ce temps, les organismes communautaires doivent composer avec des demandes en augmentation et des moyens qui stagnent. Un financement qui n’augmente pas au rythme de l’inflation, un manque à gagner qui ne respecte pas les travailleuses et les travailleurs du communautaire. Nous sommes loin des beaux bureaux dorés. Tous les efforts sont concentrés pour mieux répondre aux besoins grandissant des membres. Cela va jusqu’à accepter des gels de salaire pour maintenir l’équipe de travail. Et malgré ce choix difficile, le message que nous recevons c’est « lâchez pas, vous êtes importants »!!! Un peu de considération serait la bienvenue! Une tape dans le dos, ça ne paie pas l’épicerie ni l’hypothèque. Pour maintenir le rythme, les organismes communautaires ont besoin d’aide, le gouvernement du Québec ne peut pas se permettre de faire la sourde oreille.